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L'église anglo-normande

L'église anglo-normande : évêques, saints et pélerins

saint Nicolas, représenté en évêque sur les fonts baptismaux de la cathédrale de WinchesterLes années qui suivirent la conquête virent Guillaume le Conquérant s'atteler à la réforme de l'église anglaise. En 1070, Lanfranc remplaça l'archevêque anglo-saxon Stigand à Cantorbéry et en l'an 1086 il ne restait plus qu'un seul des quinze évêchés d'Angleterre aux mains d'un évêque indigène. Lanfranc établit une hiérarchie rigide qui plaçait tous les évêques sous la férule de Cantorbéry et il fit déménager de nombreux sièges épiscopaux des lieux reculés où ils étaient installés vers des villes où il était plus facile d'exercer le pouvoir. La cathédrale de Durham, site de la sépulture de saint Cuthbert Les évêques étaient tenus de faire respecter la discipline de l'église; ce qui impliquait le renoncement au mariage des clercs et l'institution du latin dans la liturgie au détriment de l'anglais.

Guillaume le Conquérant considérait, comme d'autres rois de cette époque, qu'il tenait son pouvoir de la faveur divine et il traitait les évêques de la même façon que ses barons, utilisant l'Eglise pour imposer sa volonté. L'essor des constructions de cathédrales et de monastères normands peut être interprété comme une affirmation du pouvoir politique. Aux alentours de 1100, un affaiblissement du pouvoir royal et de son caractère sacré amena l'Eglise à se tourner davantage vers la papauté comme source de l'autorité suprême. Au XIIe s., les points de discorde entre l'Eglise et la couronne furent nombreux, portant notamment sur le droit pour le roi de procéder aux investitures ecclésiastiques, ainsi que sur le pouvoir des cours royales de juger des délits commis par des clercs.

Ampoule, ou réservoir, d'eau bénite, provenant de Londres et montrant le meutre et la sépulture de Thomas Becket Une autre réforme de Lanfranc fut d'éliminer nombre de saints celtes et anglais du calendrier ecclésiastique et de placer les églises anglaises dédiées à des saints indigènes sous le vocable de saints, comme saint Michel, dont le culte était plus répandu en France. L'attachement que les Anglais gardaient à leurs saints traditionnels a cependant mené à une renaissance de certains lieux sacrés, tels les sanctuaires de saint Cuthbert à Durham et saint Swithun à Winchester, qui devinrent des centres de pélerinage importants. L'église en tirait grand profit, ce qui entraîna la création de nouveaux sanctuaires comme celui de saint Guillaume à York. Cependant, l'apport le plus populaire aux chemins de pélerinage du XIIe siècle fut la création du sanctuaire de saint Thomas Becket à Cantorbéry.

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