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L'Eglise anglo-normande |
La paroisse
Dans les périodes mérovingiennes et carolingiennes, l'église est un bâtiment isolé, autour duquel va progressivement se développer le cimetière puis la communauté d'habitants. Globalement le réseau paroissial semble acquis dès le début du XIe siècle. Il est d'origine ancienne, entrevu dès le haut moyen âge dans les grands domaines ruraux. Mais des paroisses nouvelles sont encore créées dans les zones de défrichement à la fin du XIIe s.
Qu'elle soit issue d'un habitat ancien, d'un rassemblement auprès d'un château ou autour d'une église, une nouvelle circonscription est née : la paroisse. C'est d'abord une communauté religieuse, celle qui s'assemble pour les différents rituels. Elle s'intercale dans d'autres modes d'organisation économique et sociale de l'espace : le grand domaine, la seigneurie, où s'exercent le pouvoir des maîtres de la terre, et le fief, tenu en échange du service militaire ou de redevances versées aux rentiers du sol. Or, en Normandie, paroisse, seigneurie et fief ne coïncident pas souvent.La paroisse définit un espace bâti et s'étend à tout le sol voisin provoquant un véritable remaniement du terroir. L'église est alors promue au rang de maison commune. Bien souvent c'est le premier bâtiment en pierre du village, construit suivant la tradition antique (Pays d'Auge, Pays d'Ouche), en maçonnerie rudimentaire en "arête de poisson" (Bessin) ou en belles pierres taillées à proximité des villes et des carrières (basse vallée de l'Orne).
L'église doit pouvoir être un refuge susceptible d'accueillir les hommes et les bêtes, en cas de besoin. Mais la palissade, ou la haie d'épines, qui entoure le cimetière marque avant tout la limite entre le sacré et le profane. Très tôt cette fonction protectrice, spirituelle autant que matérielle, est incarnée dans le bâtiment et accroît son rôle de noyau de l'habitat rural.