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Art et architecture anglo-normands

La musique en Normandie aux XIe et XIIe s.

Personnage jouant du cor dans une lettrine des "Moralia in Job" de saint Grégoire le Grand, abbaye Saint-Pierre de Préaux. Bibliothèque municipale de Rouen (ms 498, A 183, fol. 193 v°).Au Moyen Âge, la musique est l’un des sept arts libéraux, enseignés dans les écoles cathédrales et monastiques de Normandie. La musique était considérée comme une science : c’était l’un des arts du Quadrivium (avec l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie).  Musicien jouant de la harpe et chanteur (?) tenant un rouleau de parchemin, dans une lettre historiée des "Moralia in Job" de saint Grégoire le GrandL’abbaye la plus célèbre pour la qualité de sa formation musicale était Fécamp. Une école de chant fut créée et animée par les deux premiers abbés d’origine italienne, Guillaume de Volpiano (1001-1028) et son disciple Jean de Ravenne (1028-1079). Ils sont sans doute les premiers à avoir instauré un système de notation musicale dans lequel les notes étaient symbolisées par des lettres : A désignait le la, B le si bémol, C le do etc. Ce système est toujours utilisé de nos jours, en particulier dans les pays germaniques.  Parallèlement, on utilisait au XIe siècle des signes, appelés " neumes ", pour figurer les évolutions de la mélodie au dessus des textes liturgiques. Ceux-ci ont été progressivement disposés autour d’une ligne, puis de plusieurs. Personnage couronné jouant d'un instrument à cordes, enluminure de l'initiale B "Beatus vir ..." (Les Béatitudes C’est le point de départ de la portée, qui semble également provenir de Fécamp. L’abbé allemand Isembard de La Trinité-du-Mont (†1054) et ses disciples composèrent de leur côté de nombreuses pièces musicales.

Nous savons peu de chose de la musique profane. Au XIIe siècle, à la cour d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine, Le Roi David jouant de la harpe. Commentaire de saint Augustin sur les Psaumes, abbaye de Saint-Evroult, XIe-XIIe s., Bibliothèque municipale de Rouen (ms 456, A. 19). un auteur comme Wace chantait probablement ses poèmes en dialecte normand, et notamment son Roman de Rou. À la génération suivante, le roi Richard Cœur de Lion fut lui-même compositeur : on connaît une chanson de lui et on peut le compter parmi les trouvères.

Nous connaissons les instruments de musique représentés sur les miniatures des manuscrits des grandes bibliothèques monastiques (Jumièges, Saint-Évroult ou le Mont-Saint-Michel). La harpe est souvent figurée, car c’est l’instrument traditionnel du roi David. On y voit aussi des instruments à corde, comme la vielle, et des instruments à vent comme la trompette, la flûte ou l’orgue.
Cet instrument commence à pénétrer dans les églises. Au tournant des XIe et XIIe siècles, Baudry de Dol nous décrit avec enthousiasme un orgue installé dans l’église abbatiale de Fécamp.

 

François Neveux
ouen - Office universitaire d'études normandes
Université de Caen
Ill. : Bibliothèque municipale de Rouen

 

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