Située aujourd’hui en plein champ, à 600 mètres au sud du village, la motte se rattachait primitivement à un hameau en forme de « village-rue ». Selon une disposition souvent observée en Haute-Normandie, elle ne se dressait pas au bord du chemin, mais à environ 200 m de celui-ci. On peut interpréter ceci comme la marque d’une volonté de distanciation par rapport à l’habitat paysan, ce dernier étant généralement regroupé le long de la rue.
Haute de sept mètres, la motte se présente comme un tronc de cône régulier. Le diamètre de sa plate-forme supérieure est de l’ordre d’une vingtaine de mètres. Au nord se voient les restes d’une petite basse-cour semi circulaire, avec rempart de terre et fossé. Plus au nord s’étendait une seconde cour, de proportions plus vastes. Il n’en subsiste que la moitié ouest, le reste ayant été détruit vers 1844 pour être mis en labour. En dépit de ces lacunes, l’ensemble castral de Bretteville n’est pas dépourvu d’intérêt. Actuellement bien dégagé – le site est en prairie -, il constitue un des exemples les plus évocateurs de châteaux à motte en Haute-Normandie.
Faute de textes, une grande obscurité règne sur l’histoire de cette fortification. On sait toutefois que la terre de Bretteville fit partie du comté
d’Evreux après avoir été enlevée à la cathédrale de Rouen par l’archevêque Robert (989-1037). Les comtes possédaient encore des biens dans cette localité au début du XIIe siècle. Il n’est donc pas exclu que le château ait été fondé par l’un de ces personnages, peut-être Guillaume d’Evreux, grand bâtisseur de châteaux à motte à la fin du XIe siècle.
Jacques Le Maho
Bibliographie
- J. Le Maho, « L’apparition des seigneuries châtelaines dans le Grand-Caux à l’époque ducale », Archéologie Médiévale, t. VI, 1976, p. 10, 14, 112 et 130-1 ; Id., « Parcs et courtils – Observations sur l’environnement des châteaux de terre et de bois en pays de Caux aux XIe et XIIe siècles », actes du 105e Congrès national des Sociétés savantes, Caen, 1980, Archéologie, p. 179-180.