Située dans le parc du château de Mirville, au fond d’une petite vallée drainée par le ruisseau de Brilly, la motte a fait l’objet d’une fouille archéologique complète de 1979 à 1981. Ces recherches ont permis de retracer la genèse et les transformations du siège du fief de Mirville, fief tenu aux XIe et XIIe siècle par un lignage de chevaliers de l’entourage des sires de Tancarville.
Les niveaux les plus anciens (première moitié du XIe s. ?) ont livré les traces de plusieurs bâtiments de bois disposés autour d’une cour quadrangulaire. L’un d’eux, doté d’une cheminée, était à usage résidentiel, les autres correspondant probablement à des dépendances. Vers la seconde moitié du XIe siècle, deux des ailes furent supprimées pour permettre la mise en place d’une petite enceinte fortifiée de terre et de bois autour d’un nouveau corps de logis. Ce dernier, entièrement en bois, se présentait comme un hall de 17 m de long sur 6 de large, divisé en deux nefs par une rangée de poteaux médiane. Les murs étaient légèrement cintrés à la manière des maisons dites « en forme de bateau », les extrémités du bâtiment étaient en abside. Probablement à un seul niveau, l’édifice devait être coiffé d’une volumineuse toiture à quatre pans, de chaume ou de bardeaux. La dernière phase d’aménagement fut marquée par le remblaiement de l’espace intérieur de l’enceinte et l’emmottement du hall. Une nouvelle construction fut sans doute érigée sur la motte, mais on en ignore la nature, les niveaux supérieurs de la motte ayant disparu du fait de l’érosion. Il est assez probable que l’édification de la motte ait un lien avec les troubles qui marquèrent en Haute-Normandie le principat de Robert Courteheuse (1087-1106). Le seigneur de Mirville était alors un nommé Adam, connu notamment pour avoir retiré aux moines de Jumièges, par la force, les biens que son père Foulque de Mirville avait cédés à cette abbaye en 1079.
Jacques Le Maho
Bibliographie
- J. Le
Maho, La motte seigneuriale de Mirville (XIe-XIIe s.), recherches historiques et archéologiques, Centre de Recherches Archéologiques de
haute-Normandie, 1984.