C'est vers 1060 que le duc Guillaume le Bâtard fit construire un château sur l'éperon rocheux dominant Caen. Ce dernier, connu par les textes depuis 1025, est attesté par l'archéologie dès le Ier siècle de notre ère, mais il ne s'agissait alors que d'une agglomération secondaire à vocation commerciale. La construction de l'Abbaye-aux-Hommes et celle de l'Abbaye-aux- Dames de part et d'autre du château vont amener Caen, en une génération aux dimensions des grandes villes du nord-ouest européen. Jusqu'au rattachement de la Normandie à la France en 1204, le château de Caen joua un rôle essentiel dans la politique des rois anglo-normands sur le continent.
Le rempart a été maintes fois réparé au cours des siècles et il serait vain d'y chercher aujourd'hui des lambeaux de la construction primitive (1060-1080). En revanche, son tracé et celui du fossé n'ont certainement pas varié depuis le XIe siècle, sauf au nord du fait de la construction du donjon et de son enceinte (courtine).Au moyen âge, le sommet du rempart était certainement muni de créneaux, sans doute jusqu'au XVIIe siècle où le dépérissement de la fonction militaire du château se traduisit par l'abandon de l'entretien des parties défensives.
L'entrée initiale au nord, protégée par une tour-porte, disparaît vert 1220 avec la construction de la courtine du donjon. Au sud, la Porte Saint-Pierre n'est à l'origine qu'une petite poterne ouvrant sur la ville. Elle deviendra la porte principale au XIIIe siècle. A l'est, l'imposante Porte des Champs est sans doute construite au moment de la disparition de la porte nord ; munie d'un pont-levis, et précédée dès l'origine d'un avant-corps, elle accentue encore les défenses de la forteresse.
Le rempart est flanqué de treize tours dont onze rectangulaires et deux circulaires. Elles ont fait l'objet de nombreuses reconstructions. La "Tour de la reine Mathilde", grosse tour circulaire à voûtes sur croisées d'ogives couvrant ses deux étages, qui domine le quartier du Vaugueux à l'angle sud-est du château, est sans doute du début du XIIIe siècle, pour ses parties les plus anciennes. Trois tours rectangulaires sont à cheval sur le rempart, l'étage supèrieur communique avec le chemin de ronde comme il est de coutume dès le XIIe siècle mais elles ont été reconstruites. Les huit autres tours flanquent le rempart mais se développent en totalité à l'extérieur (XIIIe-XIVe siècles). A l'origine toutes les tours sont couvertes. L'espacement excessif et irrégulier des tours, dû à la fonction résidentielle originale du château, rend le flanquement assez peu efficace.
Bibliographie
- Mémoires du château de Caen / textes réunis
par Jean-Yves Marin et Jean-Marie Levesque. - Caen : Musée de Normandie. Paris
: Skira-Seuil, 2000. - 176 p.
- Il castello di Caen in Normandia : Nuovi rilievi alle strutture
architettoniche, contributi per il restauro e la valorizzazione / a cura di
Luigi Marino. - Firenze : Università di Firenze, Dipartimento di Storia
dell'Architettura e Restauro delle Strutture Architettoniche. Ville de Caen, Musée
de Normandie, 2000, 31 p.
- Le Château de Caen / Michel de Boüard. - Caen : CRAM, 1979, 149 p