Calabre

         

Rossano : Eglise Sainte-Marie 
(S. Maria del Pátir)

photo : Melo Minnella PalermoLe monastère de Santa-Maria del Pàtir fut fondé entre 1101 et 1105 par Barthélemy de Simeri, fondateur de Saint-Sauveur de Messine (Sicile). La légende rapporte une apparition de la Vierge sur le site du monastère et l'histoire atteste la contribution financière de seigneurs normands.

L'église empreinte à l'environnement calabrais sa maçonnerie de briques et de moellons. Elle présente une façade austère. Le portail est gothique, mais deux fenêtre en plein cintre à hauteur des fenêtres des bas-côtés ont été conservées et la nef centrale est ouverte sur deux oculi superposés. Le plan de la nef est celui de la basilique paléochrétienne à trois vaisseaux, sans transept saillant, et trois absides alignées, transmis par les établissements de Campanie sous l'influence du Mont-Cassin. Cependant le chœur et les deux espaces accotés qui composent le sanctuaire sont de tradition byzantine, même si les coupoles qui les couvrent ne sont pas visibles à l'extérieur sous la toiture à double pente que supporte la charpente apparente de la nef.

Le pavement en mosaïque polychrome en partie conservé est attribué par une inscription à la période d’activité de l’abbé Blaise, vers 1152. Le revêtement de mosaïques des murs de la nef, représentant un bestiaire fantastique dans des médaillons, centaure, licorne, félin et griffon rampant, est l'œuvre d'artistes siciliens de la même période. Il en subsiste aussi des traces dans le bas-côté nord. Mais les hautes arcatures plaquées et les médaillons à motifs géométriques qui ornent les absides rappellent la région de Salerne. Un effet de bichromie est obtenu par l'emploi de pierres calcaires, claires et sombres. Par contre, l'arc plein cintre du portail sud porte un motif géométrique polychrome d'influence islamique. Enfin, la cuve baptismale précisément datée de 1137, sous le règne de Roger II, mais conservée aujourd'hui à New York : est décorée de rinceaux, de grappes et de croix grecques, complétant ce mélange de styles des différentes régions d'Italie du Sud sous domination normande.

 

Bibliographie
-
Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Chiara Garzya Romano. - Calabre & Basilicate romans. - La-Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1988  (La Nuit des Temps, 70).
- Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.