Lincoln (Lincolnshire) La cathédrale |
En 1067, Rémy, un moine de Fécamp, devint le premier Normand à être élu à un siège épiscopal anglais. Ce siège se trouvait à cette époque à Dorchester-on-Thames, mais on le transféra en 1072 vers la florissante ville de Lincoln. Une solide tour semble avoir été la structure la plus ancienne sur le site de la cathédrale. Semblable à celles de Colchester et à la Tour de Londres ; elle était située dans un lieu fortifié à l’intérieur de l’ancienne “ville haute” romaine qui avait servi de basse-cour au château que Guillaume le Conquérant avait construit à son arrivée en 1068. On peut encore maintenant reconnaître l’austère façade occidentale de cette structure composée d'une grande baie centrale (surmontée d’un arc datant du XIIe siècle), flanquée de deux baies latérales plus modestes. Le portail ouest d’origine n’existe plus, mais des chapiteaux de type corinthien encore en place rappellent les chapiteaux de l’abbaye de Saint-Etienne construite par Guillaume le Conquérant à Caen et laissent supposer une datation précoce.
La construction de la cathédrale à plan cruciforme à l’est de la tour était plus ou moins achevée vers 1092. Dans les années 1140, l’évêque Alexandre, en vrai prince de l’Eglise, amoureux des fastes, modifia certaines parties de la cathédrale, entraînant ainsi la démolition de la partie orientale de la tour normande. Il fit percer de nouveaux portails dans les baies qui furent certainement somptueusement sculptés, quoique très restaurés par la suite. Les jambages du portail central étaient ornés d’un programme très élaboré d’animaux et de figures humaines ; quant aux arcs des trois portails, ils sont ornés de becs d'oiseaux (beak-heads) et d'un décor de bâtons brisés exhubérant. On peut discerner l’influence de l’abbatiale de Saint-Denis près de Paris, surtout dans les chapiteaux du portail nord.
Il est probable qu’Alexandre ait également ajouté la frise contenant des scènes tirées de la Bible, située au-dessous du bandeau de la façade originale. Les scènes tirées de l’Ancien Testament ornent le coté sud du portail, tandis que celles illustrant le Nouveau Testament se situent au nord. Il n’existe rien de semblable en Angleterre, et l'inspiration vient peut-être de la cathédrale de Modène en Italie.
Alexandre entreprit aussi de la construction de deux tours occidentales, dont les murs latéraux sont encore visibles à l’intérieur de la cathédrale. L'église abrite aussi une pierre tombale que l’on s’accorde à attribuer à Alexandre ainsi que des fonts baptismaux en marbre noir de Tournai (Belgique).
Un tremblement de terre en 1185 endommagea une grande partie de la cathédrale de Lincoln ; elle fut largement reconstruite par l’évêque Hugues d’Avalon après 1192.Bibliographie
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Pevsner, N and Harris, J., 1989. The Buildings of England, Lincolnshire (London, Penguin, revised ed. by N Antram), 444-9
Stocker, D. and Vince, A., 1997. 'The early Norman castle at Lincoln and a re-evaluation of the original west tower of Lincoln cathedral', Medieval Archaeology 41, 223-33
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