Geoffroi Malaterra (vers 1098)

De rebus gestis Rogerii Calabriae et Siciliae comitis

 Geoffroi Malaterra, moine du monastère Saint-Evroult en pays d'Ouche, semble avoir migré en Italie méridionale en même temps que l'abbé de son abbaye, Robert de Grandmesnil. Il fut chargé par Roger I^er, comte de Sicile (1062-1101), d'écrire sa biographie.

Les quatre livres du "De Rebus gestis Rogerii Calabriae et Siciliae comitis" sont écrits en prose à l'exception de quelques paragraphes des livres III et IV, qui sont en vers. Le chroniqueur raconte dans son premier livre les exploits de la famille de Hauteville, en particulier ceux de Robert Guiscard, puis ceux de Roger, autour duquel s'organise ensuite l'ensemble de son œuvre. Le livre II présente les deux premières phases de la conquête de la Sicile entreprise à partir de 1061 par Roger jusqu'à la prise de Palerme avec l'aide de Robert Guiscard (1072). Dans les livres III et IV, la conquête de la Sicile se poursuit, avec les différentes étapes de la guerre contre Ben Avert, émir de Syracuse, et la soumission du Val di Noto en 1091. Cependant Geoffroi Malaterra ne manque pas aussi de rappeler que Roger apporta son aide à Robert Guiscard, chaque fois que le duc avait besoin de lui, pour étendre sa domination dans la péninsule italienne. Geoffroi Malaterra évoque également la campagne de Robert Guiscard en Grèce et son retour précipité pour délivrer le pape Grégoire VII assiégé dans Rome par l'empereur Henri IV. L'ouvrage se termine par la réorganisation de l'Eglise sicilienne et par la concession faite en 1098 par le pape Urbain II à Roger Ier de la légation apostolique sur la Sicile et la Calabre.

Cette œuvre historique constitue un complément précieux au poème de Guillaume de Pouille "Gesta Roberti Wiscardi", consacré à Robert Guiscard, le frère de Roger. Même si Geoffroi Malaterra a le souci constant de célébrer le courage et la piété des princes normands, le De rebus Rogerii est une source unique sans laquelle nous ne connaîtrions rien sur la conquête de la Sicile par les Normands dans la seconde moitié du XIe siècle.

M.-A. Lucas

 

ÉDITIONS

- Muratori L. A., Gaufredi Malaterrae monachi Benedictini Historia Sicula, dans Rerum Italicarum Scriptores, V, p. 537-605, Milan, 1724 ; repris par J.P. Migne dans Patrologie latine, vol. 149, col. 1093-1210.
- Pontieri E.G., Gaufredo Malaterra, De rebus gestis Rogerii Calabriae et Siciliae comitis et Roberti Guiscardi ducis fratris eius, dans Rerum Italicarum Scriptores, V, 1 (fasc. 211 et 218-219), Bologne, 1927-1928, p. 1-108.

ÉTUDES

- Martin J.M., Italies normandes (XIe-XIIe siècles), Paris, Hachette 1994.
- Pontieri E., Goffredo Maleterra, storico del gran conte Ruggero, Tra i Normanni nell'Italia meridionale, Naples, 1964, p. 211-282.
- Tramontana S., " I Normanni di Sicilia : direttrici di ricerca per nuove prospettive di lavoro ", Archivio storico della Sicilia orientale, 71, 1975, p. 207-286.
- Ruggero il Gran Conte e l'inizio dello stato normanno (Relazioni e communicazioni nelle seconde giornate normanno-sveve, Bari, maggio 1975), Ed. Centro di Studi Normanno-Svevi dell'Universita degli Studi di Bari, Rome, 1977 ( reimpr. Bari, Ed. Dedalo, 1991).