Falcon de Bénévent

Falcon, notaire et juge à Bénévent (fin du XIè siècle - † 1144 ?)

Chronicon Beneventanum

Il nous est parvenu seize actes dressés et signés par Falcon, qui témoignent de ses charges de notaire et de juge auprès de la curie pontificale à Bénévent. Ces documents indiquent bien qu’il était un haut fonctionnaire à l’époque où Bénévent était sous domination pontificale.

Le Chronicon Beneventanum ne nous est parvenu que partiellement : il manque le début, et probablement aussi la fin; il retrace l’histoire de Bénévent de 1102 à 1144. Jusqu’à 1127, le coeur de la narration est totalement " urbain ", c’est-à-dire dédié aux affaires internes de la ville ; après 1127, la perspective s’étend au Mezzogiorno continental et à la politique internationale (Papauté, Empire germanique, royaume de France), lorsque commence à se mettre en place la politique impérialiste de Roger II de Sicile, culminant en 1130 par son couronnement comme rex Siciliae.

On a souvent vu en Falcon le porte-parole de l’autonomie des Lombards de Bénévent face aux conquérants normands. Il n’est pas possible en réalité de qualifier son historiographie "d'anti-normande" ou "anti-Ruggérienne", même s’il ne se prive pas de critiquer le désir de conquête du premier roi de Sicile. Falcon écrit à une époque où la pénétration normande et les conquêtes ont commencé depuis un siècle déjà. C’est aussi pour cette raison , et non pas seulement à cause de la structure annalistique du texte, que le Chronicon ne présente pas les caractéristiques habituelles de l’historiographie de l’époque normande - "historiographie d'état" ou "historiographie ethnique" selon les classifications proposées par Gianvito Resta - mais bel et bien celles de "l’historiographie citadine".

C’est la seule et unique chronique municipale du Mezzogiorno qui soit comparable à "l’historiographie communale" du nord de l’Italie de la même époque (Caffaro, etc.). Même le profil intellectuel et professionnel de l’auteur contribue à cette identification : Falcon est la figure type du notaire-chroniqueur, qui deviendra ensuite le rédacteur officiellement le plus qualifié pour tenir les chroniques " communales ". Et ce n’est pas un hasard si ce phénomène se vérifie à Bénévent, ville dont les institutions sont assez atypiques au regard des autres communautés citadines du Mezzogiorno, et qui se trouve amenée à expérimenter des formes de gouvernement communal, avant même que cela ne se produise à Florence.

EDITIONS

- Falcone di Benevento, Chronicon Beneventanum, dir. E. D’Angelo, Florence 1998.