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Les comtes de Mortain
L’histoire du comté de Mortain s’inscrit dans le cadre de la formation du duché de Normandie et de la protection de ses frontières. L’agglomération est un des points de relais de l’autorité ducale. Elle participe à l’intégration de la partie occidentale du duché de Normandie. Les ducs ont dû faire preuve d’efforts considérables pour y rendre leur contrôle effectif. Ils y ont donc installé des comtes, issus de l’aristocratie ducale.
Le premier personnage en fonction dans la région de Mortain est Robert, fils illégitime du duc Richard Ier. Il porte cependant le titre de comte d’Avranches, et exerce donc son autorité dans le voisinage du futur comté de Mortain. Son fils Richard lui succède sans doute à ce poste. A la suite d’une trahison, vers 1026, il semble que les ducs normands aient procédé à une amputation du comté d’Avranches, qui comprenait sans doute aussi la région de Mortain.
Par la suite, le premier personnage portant sans équivoque le titre de comte de Mortain est Guillaume Guerleng, fils de Mauger comte de Corbeil, et neveu de Richard II. Il entre en fonction après 1026. Cette première mention explicite d’un comte coïncide avec l’apparition d’un château à Mortain.
A la suite d’une trahison, Guillaume Guerleng est banni du duché de Normandie, sans doute vers 1060. Guillaume le Bâtard nomme alors à la tête du comté de Mortain son propre demi-frère, Robert, fils d’Herluin de Conteville et d’Arlette. Grand propriétaire terrien, il participe à la conquête de l’Angleterre et tient une place de choix aux côtés de son demi-frère. En y fondant une collégiale Saint-Evroult (dotée d’une école) et un prieuré de Marmoutier, il semble que Robert de Mortain ait voulu faire de la capitale de son comté une agglomération qui puisse s’élever au rang des grandes villes du duché de Normandie.
Robert meurt sans doute au début des années 1090. Il est possible que le duc Robert Courteheuse ait alors gardé le comté de Mortain. Il le donne, en 1100, à Guillaume, fils de Robert. Ce dernier fonde à Mortain une congrégation de frères pauvres, sans doute sous l’impulsion de l’ermite Vital. Guillaume se voit confisquer le comté de Mortain après la bataille de Tinchebray, en 1106.
Henri Ier Beauclerc concède ensuite, entre 1113 et 1118, le comté de Mortain à son neveu, Etienne de Blois, qui le garde après son accession sur le trône d’Angleterre, en 1135. En 1142, après un siège de deux jours, Mortain tombe entre les mains de Geoffroy Plantagenêt. Son fils Henri II lui succède en 1151.
Cependant, suite au traité de Wallington, le 6 novembre 1153, Henri II, reconnu roi d’Angleterre, concède le comté de Mortain et ses châteaux au fils illégitime d’Etienne de Blois, Guillaume. Dès cette époque, Mortain semble avoir perdu l’importance stratégique qu’elle avait sous les premiers ducs : le titre de comte n’a désormais plus qu’une signification honorifique.
A la mort de Guillaume, en 1159, Henri II retient alors le comté de Mortain. Son dernier fils, Jean sans Terre, en hérite, sans doute un peu avant 1189. Malgré une campagne de fortification du château et de ses alentours, le comté de Mortain tombe aux mains du roi de France Philippe Auguste, en 1204.
Claude Groud
Bibliographie
- David Bates, Normandy before 1066, New York, 1982.
- David Bates, " Notes sur l’aristocratie normande ", Annales de Normandie, mars 1973, n° 1, p. 7-38.
- Brian Golding, " Robert of Mortain ", Anglo-Norman Studies XIII. Proceeding of the Battle Conference 1990, 1991, p. 119-144.
- Cassandra Potts, " The earliest norman counts revisited : the lords of Mortain ", The Haskins Society Journal, t. 4, 1992, p. 41-48.
- F.M. Powicke, The loss of Normandy, 1189-1204, studies in the history of the Angevine Empire, Manchester, 1913.
- Jaap Van Moolenbroek, " Vital l’ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l’abbaye normande de Savigny ", Revue de l’Avranchin et du pays de Granville, t. 68, 1991, p. 1-395.