5

Artisanat et métiers

La céramique

A l'époque normande, la céramique est un des rares produits qui circule en grandes quantités sur de grandes distances, et, après avoir importé des modèles orientaux, l'Italie normande devient à son tour exportatrice.
Au début du XIe siècle, une bonne partie de la céramique utilisée dans le Mezzogiorno est importée de l'Orient byzantin ou musulman. Il s'agit en particulier de la production de luxe dont les modèles sont relayés par les ateliers siciliens (Piazza Armerina, Agrigente, Cefalù...) qui restent un intense foyer de production sous la domination normande. Les productions les plus raffinées entrent aussi dans la décoration architectonique des églises et des palais où les compositions géométriques polychromes utilisent abondamment ce matériau pendant la période normande, là encore, en suivant des modèles inspirés des civilisations orientales.
La céramique commune est produite en grandes quantités dans de nombreux ateliers locaux, pour tous les usages de la vie quotidienne : cuisine, vaisselle de table, luminaires... mais aussi transport et conservation des denrées. L'Italie romaine avait amené la production céramique à un niveau quasi-industriel, diffusant ses productions dans tout le bassin méditerranéen. En un siècle de présence normande, les archéologues identifient une renaissance de ces systèmes de production, comme c'est en particulier le cas pour le conditionnement du blé, de l'huile, du vin...
Les étapes de la production des céramiques sont connues par des témoignages écrits qui identifient les différentes spécialités, du maître de l'atelier au préparateur des argiles, en passant par les spécialistes de la fabrication des produits finis : pots à cuire, amphores, jarres... La maîtrise des potiers se distingue dans la production de céramiques communes à parois fines. Le décor des grandes pièces est composé de bandes de couleur rouge caractéristiques de la période. La vaisselle de luxe, ornée de motifs finement incisés et recouverte de glaçures, se rattache encore aux modèles arabes et byzantins aux XIe et XIIe s., pour aboutir à une production proprement régionale, au début du XIIIe s. Les fouilles d'habitats aristocratiques, en Campanie, particulièrement à Salerne, ont livré des vestiges de ces différentes productions.

 

page précédente  Les Normands en Méditerranée  page suivante