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Vivre en ville

Le gouvernement des villes

L'Italie du Sud ne connaît pas de mouvement comparable aux communes d'Italie du Nord où les élites des métiers et du commerce obtiennent des statuts qui leur permettent de prendre en main le gouvernement des cités. Les plus fortes tendances à une forme d'autonomie urbaine s'observent au début de la période normande dans les Pouilles où les grandes familles font d'ailleurs appel aux Normands pour soutenir tel ou tel parti dans leurs conflits internes ou leurs révoltes contre l'Empire byzantin. Ce sont notamment les menées du lombard Mélès de Bari qui ouvrent la porte aux interventions normandes au début du XIe s. Ailleurs, l'autonomie des duchés de la côte tyrrhénienne (Naples, Gaète, Amalfi…) reste un cas particulier, et même des villes d'une certaine importance, comme Bénévent, n'accèdent pas à des formes de gouvernement indépendant.

En effet les conquérants normands se méfient des villes. La période de la conquête est marquée par l'installation de châteaux sur les murs d'enceinte, signe de la prise de contrôle des cités, et le partage de leurs territoires entre plusieurs seigneurs. Les villes épiscopales n'échappent pas à cette règle, l'évêque parvenant rarement à jouer dans l'administration et la justice de sa propre cité un rôle comparable à celui de ses homologues normands ou anglo-normands.
 

Quand le pouvoir normand se renforce, surtout après l'avènement de Roger II, couronné roi en 1130, la nouvelle dynastie tient fermement en main le gouvernement des villes par le biais des représentants de son administration (la baiulatio). Les concessions de certaines libertés locales dans l'administration ou les finances n'apparaissent vraiment que dans les périodes de faiblesse du pouvoir royal, sous le règne de Tancrède de Lecce à la fin du XIIe s., ou pendant la minorité de Frédéric II. En dehors de l'église et du château, les édifices publics sont donc rares et liés à l'administration économique et fiscale, l'absence d'autonomie urbaine privant les villes du Mezzogiorno de palais pour les assemblées communales.

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