3

L'Eglise sous la domination normande

Prêtres et paroisses

Le modèle de la paroisse, cellule de base de la communauté chrétienne, où sont regroupés les habitants d'un terroir rural ou d'un quartier urbain autour du cimetière, de l'église et de son desservant, n'est pas généralement répandu en Italie du Sud à l'arrivée des Normands.
Dans certains cas, les communautés monastiques jouent le rôle d'organisateurs de la vie pastorale et continueront à exercer cette influence. Mais ce sont aussi des seigneurs laïcs qui se sont appropriés le patronage des églises en organisant leurs territoires. Ils nomment les prêtres et perçoivent les bénéfices. Incapables de s'imposer aux puissances laïques, les évêques des petits diocèses du Mezzogiorno ont souvent accepté le fait accompli en octroyant aux églises des actes, dits "chartes de libération" par lesquels ils renoncent à leurs droits sur les biens des églises et la nomination des prêtres mais prétendent conserver une supériorité disciplinaire.

Cette situation est combattue par la réforme ecclésiastique qui tend à s'imposer aux XIe et XIIe s. avec l'aide des Normands. Ceux-ci imposent parallèlement l'organisation de la seigneurie et du réseau paroissial qui participent également au contrôle de la population. La hiérarchie ecclésiastique est reconnue, mais l'autorité du seigneur est importante. Il est le patron de la paroisse et joue un rôle déterminant dans la nomination des prêtres.
Ceux-ci se recrutent dans des couches relativement modestes de la population auxquels les papes réformateurs tentent d'imposer de nouveaux modes de vie. Le célibat des prêtres semble cependant s'imposer lentement dans un contexte marqué par la proximité des églises de rite grec qui n'adoptèrent jamais cette réforme.

Dans le cadre de la paroisse les prêtres administrent les sacrements essentiels : baptême, mariage, funérailles… Ils sont aussi les auxiliaires de la vie communautaire dans les tâches qui nécessitent une certaine pratique de l'écrit (notariat, rédaction des actes juridiques), mais bien peu, sans doute, étaient capables de maîtriser à la fois le latin, le grec, l'hébreu et l'arabe comme ce clerc de la cour du roi normand qui laissa dans une église de Palerme une épitaphe rédigée en quatre langues.

 

page précédente  Les Normands en Méditerranée  page suivante