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Grandes villes des mondes normands

Londres

La Tour de Londres: reconstitution du château en constructionPlan du Londres normand A l'époque de la conquête normande Londres était la ville la plus prospère et la plus peuplée d'Angleterre, quoique encore largement restreinte à la surface ceinte par les murs de la ville romaine. L'importance politique de la ville bénéficiait de  l'établissement de la maison royale à Westminster, à 1,5 km en amont de la cité sur la Tamise. C'est là que, selon sa volonté, le roi Edouard le Confesseur fut enseveli en 1065, dans sa nouvelle abbatiale.

L'importance de Londres était telle que Guillaume le Conquérant ne pouvait se sentir affermi dans son pouvoir qu'une fois la ville prise, et lui-même couronné à Westminster, le jour de Noël 1066. Pour mieux protéger et contrôler  la cité, Guillaume fit construire deux fortifications d'importance, l'une à l'est de l'enceinte urbaine, la Tour de Londres, et l'autre à l'ouest, Baynard's Castle.
Quoique Londres n'ait pas été recensée dans le Domesday Book, on peut estimer sa population à plus de 10 000 habitants à la fin du XIème siècle ; ce chiffre avait probablement doublé vers la fin du XIIème siècle. Les fouilles archéologiques ont révélé une cité au bâti très dense, surtout construite en bois, mais dont certains riches citoyens occupaient des maisons de pierre. Le commerce et l'artisanat étaient organisés en quartiers spécialisés ; les noms de rues, Ironmonger Lane (la rue de Quincailliers), Bread Street (la rue des Boulangers) ... , reflètent encore cet agencement dans le Londres contemporain.

Une partie de la croissance démographique de Londres provient de l'immigration. Des marchands de Caen, de Rouen et de Cologne s'établirent dans la ville et vers 1130 on recensait une communauté juive importante. L'essor du commerce outre-mer s'est accompagné de l'aménagement des rives nord de la Tamise, avec des quais et des jetées d'appontement en bois. Un pont de bois reliant la vieille cité à la banlieue de Southwark, alors en pleine expansion,  est attesté à partir du début du XIème siècle ; il fut reconstruit en pierre en 1176.

L'abbaye de Westminster et Westminster Hall La nef circulaire de Temple Church.Dans un monde où la cour est encore souvent itinérante, circulant de palais en palais, le pouvoir royal se concentra progressivement à Westminster. La construction de Westminster Hall par Guillaume le Roux est symbolique de ce nouveau statut. De plus, la prospérité des citoyens de Londres leur permit d'obtenir du roi des privilèges et franchises de plus en plus larges, leur permettant de se gouverner eux-mêmes, ainsi qu'en témoignent les chartes royales. Richard Coeur de Lion reconnut à Londres le statut de commune indépendante en 1191 et, à partir de 1215, la ville fut gouvernée par un maire choisi parmi ses citoyens de premier rang.

Comme ailleurs en Angleterre, la cathédrale fut reconstruite. Les travaux de Saint-Paul débutèrent en 1087. La ville de Londres à l'époque normande vit s'établir nombre de nouvelles maisons religieuses. La première à être fondée après la Conquête fut l'abbaye de Bermondsey, suivie de trois monastères de l'ordre de saint Augustin, sous le règne de Henri Ier. D'autres maisons suivirent, y compris celles relevant des ordres militaires, Hospitaliers ou Templiers, après les croisades ; la nef circulaire de Temple Church, l'église de l'ordre des Templiers, est datée de cette époque. Londres enfin, comptait plus de 100 églises paroissiales.

 

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