Bayeux

Ancienne cité romaine, Bayeux avait reçu un évêque dès la fin de l’Antiquité. Au XIe siècle, la ville apparaît comme la capitale secondaire de la Normandie, après Rouen. Ses évêques sont apparentés à la famille ducale, aussi bien Hugues d’Ivry (v. 1011-v. 1049) qu’Odon de Conteville (1049-1097), demi-frère de Guillaume le Conquérant.

Bayeux a conservé sa muraille romaine quadrangulaire, enserrant une superficie de 16 hectares. Les deux pôles du pouvoir sont installés dans deux angles de cette muraille. Au sud-ouest se trouve le château du duc, où réside en permanence son représentant, le vicomte. Au milieu du XIe siècle, il s’agit de Renouf de Briquessard. Celui-ci réussit à conserver sa charge, malgré sa participation au complot de 1046-1047 contre Guillaume, et à la transmettre à ses descendants. Au sud-est, la cathédrale est l’objet d’un vaste projet de reconstruction. Commencée sous l’évêque Hugues, la nouvelle cathédrale romane est achevée sous Odon et dédicacée le 14 juillet 1077. Il en subsiste encore de nos jours la crypte et les deux tours occidentales. Tout autour est situé le quartier ecclésiastique, où demeurent en particulier les 25 chanoines dénombrés en 1092.

Le nord de la cité est traversé par l’ancienne route romaine reliant Lisieux et le Cotentin. C’est le principal quartier commerçant de la ville et celui où résident les cives, comme on désigne alors les laïcs aisés (plus tard appelés " bourgeois "). Au XIe siècle, Bayeux est prospère et déborde de ses murailles. De nouveaux " bourgs " se développent, surtout vers l’est, qui devient le principal quartier artisanal. Commerce et artisanat sont alors en plein essor. De même un certain nombre de Bayeusains, clercs ou laïcs, se livrent au commerce de l’argent. Cette prospérité ne fut pas durable. À la fin du XIe siècle, Bayeux va entrer en concurrence avec la nouvelle ville de Caen. De plus, la ville épiscopale est en grande partie détruite en 1105 par les troupes d’Henri Ier Beauclerc, lors de la guerre civile qui oppose les fils de Guillaume le Conquérant. Elle ne put jamais retrouver son rang, mais resta essentiellement une ville ecclésiastique.

François Neveux
ouen - Office universitaire d'études normandes
Université de Caen