6

Art et architecture anglo-normands

La sculpture anglo-normande

Un chapiteau à volutes simples, arc triomphal de l'église Sainte Marie à Lastingham (North Yorkshire)L'Angleterre avait une longue tradition de sculpture en pierre datant d'avant la Conquête, mais on utilisait guère la sculpture pour embellir les bâtiments. La tradition romane au contraire faisait largement appel à la sculpture dans un contexte architectural. Dans bien des cas, le maçon et le sculpteur de la fin du XIe et du XIIe s. ne faisaient vraisemblablement qu'un. Dans les années qui suivirent la Conquête, la sculpture en Angleterre était surtout restreinte au modelé en relief plat et à des motifs géométriques simples; l'art figuratif était rare et ses représentations irréalistes. 

Sculpture de "l'école du Herefordshire" : arc de triomphal de l'église de Sainte Marie et Saint David à Kilpeck Un chapiteau de l'arcade du cloître de l'abbaye de Reading. Mais au début du XIIè siècle un nouveau style flamboyant, qui comprenait des formes en trois dimensions très élaborées, fit son apparition. On y retrouve des traditions indigènes anglo-saxonnes et nordiques ainsi que des influences continentales comme le démontrent par exemple les chapiteaux de l'abbatiale de Reading fondée par Henri Ier. La façade de la cathédrale de Lincoln, reconstruite en 1140, est connue pour s'être inspirée de celle de Saint Denis près de Paris. On voit apparaitre certaines écoles régionales de sculpture bien définies, telles par exemples celles des comtés de York ou de Hereford.

Des 'beakheads' (têtes d'oiseaux mordant un tore), portail sud de l'église Sainte Hélène à Stillingfleet (North Yorkshire). Dans la seconde moitié du 12è siècle on voit apparaître des éléments sculptés couvrant de plus grandes parties des bâtiments, comme par exemple les portes ou les façades. Cathédrale de Winchester: chapiteau sculpté d'un centaure décochant une flèche.  Comme ailleurs, les motifs employés par les sculpteurs se diversifient : des scènes bibliques comme le Jugement dernier devinrent très populaires ainsi que des scènes tirées de la vie des saints.  La forme humaine, même traitée de façon simplifiée, devint désormais plus respectueuse de l'anatomie. On voit apparaître des thèmes séculiers comprenant les signes du zodiaque ainsi que des motifs humoristiques, voire vulgaires.  Le goût pour les figures grotesques ou les créatures fantastiques se développa, comme le démontrent les têtes d'oiseaux mordant un tore ('beak-heads') qui ornent souvent les portes ou portails.

Moïses de l'abbaye de Sainte Marie à York (v.1190). Enfin, vers la fin du XIIè siècle on trouve un style plus naturaliste, issu de modèles classiques de la représentation de la forme humaine : on citera en exemple les Apôtres de l'abbatiale de Sainte-Marie à York.

page précédente  L'espace anglo-normand  page suivante