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L'Eglise anglo-normande

Moines et monastères

Saint Anselme, abbé du Bec, revêtu du pallium d'archevêque de Canterbury, initiale enluminée du "Monologion", par Hugo Pictor, scriptorium de Jumièges, fin du XIe s.La plupart des monastères pré-normands ont été détruits au cours du IXe siècle et tous les moines ont fui. Les seuls qui subsistent encore au début du Xe siècle sont sans doute ceux de Saint-Ouen de Rouen et du Mont-Saint-Michel. La vie monastique est rétablie au milieu du siècle dans les abbayes de la vallée de la Seine (Jumièges et Saint-Wandrille), grâce à des moines réformateurs venus de l’extérieur (Nord ou Aquitaine). Moine forgeron, lettrine des "Moralia in Job" de Saint Grégoire le Grand, manuscrit de l'abbaye Saint-Pierre de Préaux, XIe-XIIe s. Bibliothèque municipale de Rouen, ms 498. Agissant avec l’accord des ducs, ces nouveaux moines sont des bénédictins. Ils prennent également possession de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, écartant les anciens chanoines. Au tout début du XIe siècle, le grand abbé réformateur est l’Italien Guillaume de Volpiano, qui fonde en 1001 l’abbaye de Fécamp, située à proximité immédiate du palais ducal. Cette abbaye fut ensuite une pépinière d’abbés et d’évêques : elle est notamment à l’origine de la fondation de Bernay ou de la restauration de Saint-Taurin d’Évreux.

Le mouvement de rétablissement des monastères va s’accélérer dans le courant du XIe siècle. Les ducs donnent l’exemple. Robert le Magnifique est à l’origine de Cerisy (1032) et de Montivilliers (1035). Guillaume et Mathilde fondent les deux abbayes de Caen (1059 et 1063). Les grands aristocrates vont suivre le mouvement, en créant à leur tour leurs propres abbayes familiales. Citons par exemple Préaux (1034 et 1050), Saint-Pierre-sur-Dives (1046) ou Lessay (1056).

Châsse sarcophage de l'abbaye de Saint-Evroult, début du XIIe s. Musée départemental d'art religieux, Sées (Orne). Cliché A. MorinAu XIIe siècle, apparaissent de nouveaux ordres. Ce sont des bénédictins réformés comme ceux qui se rattachent aux ordres locaux de Savigny et de Tiron, ou bien des chanoines réguliers, comme les Augustins. Un certain nombre de maisons normandes rejoignent les grands ordres qui rayonnent alors dans tout l’occident. Ainsi, en 1147, les abbayes et prieurés de Savigny adhèrent collectivement à l’ordre des cisterciens. De même, de nombreuses maisons de chanoines se rattachent à l’ordre des prémontrés. Parmi ces nouvelles abbayes prémontrées, mentionnons celles de La Lucerne (1143), Ardenne (1160) ou Mondaye (1216).

François Neveux
ouen - Office universitaire d'études normandes
Université de Caen

 

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