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Rubercy (Calvados), la résidence seigneuriale
L'histoire du site de Rubercy semble devoir être rattachée à celle d'une famille de seigneurs normands, à l'époque des Plantagenêts. Elle met en scène des personnages dont les possessions s'étendent des deux côtés de la Manche et qui pour cela doivent prendre position dans les conflits qui opposent le roi d'Angleterre, duc de Normandie, au roi de France, à la fin du XIIe s. Hugues Wac, le seigneur de Rubercy, est un fidèle de Ranulf, comte de Chester. Il a participé à ses côtés aux luttes entre Etienne de Blois et Mathilde l'Emperesse et a obtenu en récompense de ses services la main de l'héritière du comté de Bourne en Angleterre (région de Lincoln). Fortune faite, Hugues Wac apparaît dans des souscriptions de donations à de nombreuses abbayes anglaises et normandes. En 1168, il est le fondateur de l'abbaye de Longues (Calvados), fille de la Lucerne-d'Outremer. Ce seigneur d'un rang non négligeable possédait à Rubercy une résidence pourtant assez rustique, fouillée entre 1969 et 1977. Située au confluent de deux cours d'eau, il s'agissait d'une enceinte rectangulaire (25 x 18,5 cm) entourée d'un fossé. Les fouilles ont révélé dans cette enceinte, un premier état de l'occupation, constitué de bâtiments de bois. A la mort d'Hugues Wac (vers 1175-1176), la résidence est reconstruite en pierre. Elle comprend une grande demeure avec cuisine et salle à étage, et des bâtiments faisant fonction d'étable, d'écuries et un four, dans la basse-cour. Les aménagements défensifs semblent se limiter aux murs d'enceinte, au fossé et à un pont mobile.
Le mobilier découvert lors des fouilles témoigne d'un niveau de vie aristocratique, qui reste à cette époque assez rudimentaire. Les fragments de décor sculpté de la résidence sont remarquables, et très semblables à ceux des édifices religieux de la même époque.
Il y a tout lieu de supposer que la résidence fut abandonnée quand Baudoin, petit-fils d'Hugues Wac, pris le parti de Jean sans Terre en 1204 et perdit de ce fait ses biens en Normandie, confisqués par Philippe Auguste.
Rubercy (Calvados) : les vestiges.