Saint-Etienne-du-Vauvray (Canton de Louviers, Eure) Eglise fortifiée, XIe-XIIe

    Située dans une ancienne dépendance du domaine ducal du Vaudreuil, l’église est mentionnée pour la première fois dans un acte de 1025 mentionnant sa donation par Richard II à l’abbaye de Fécamp. En 1136, elle fut incendiée par Roger de Tosny en représailles de la destruction de son domaine d’Acquigny par les troupes d’Henri Ier Beauclerc.

La partie la plus ancienne, assez largement restaurée au XIXe siècle, est le chœur, sans doute du XIe siècle. Il se termine par une abside semi circulaire et ses travées droites comportent un décor extérieur d’arcatures plaquées. L’une des baies du côté sud présente un claveau sculpté où se voit un motif inspiré du chrisme accosté de l’Alpha et de l’Oméga. Ce motif est probablement la copie maladroite d’un décor de sarcophage mérovingien en plâtre (voir par exemple le panneau de sarcophage de Rosny-sur-Seine, moulage au musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye).

L’élément le plus original de l’église est sa grosse tour occidentale, aux allures de donjon. Construite en pierre de taille et dotée d’énormes contreforts d’angles, elle forme un carré de 9,20 m de côté, l’épaisseur de ses murs variant selon les endroits d’1,20 m à 2,40 m. Le portail est surmonté d’un arc formé d’une triple rangée de claveaux lisses, sans aucun ornement. On accédait aux étages par un escalier en vis logé dans une tourelle circulaire à l’angle sud-est. Des salles hautes, seule est conservée celle du premier étage, qui abrite une ancienne chapelle Saint-Sauveur ; elle s’ouvre par une baie vers l’intérieur de la nef. L’ensemble paraît avoir été édifié d’un seul jet vers le début du XIIe siècle, date à laquelle renvoient quelques éléments de décor au niveau de la tourelle d’escalier (modillons, bandeau à billettes). Il semble que l’on soit en présence d’une tour défensive, élevée par les moines de Fécamp lors des guerres féodales qui dévastèrent la région de la basse vallée de l’Eure après 1119. Autour du portail, le parement extérieur porte les traces d’un violent incendie qui pourrait correspondre à celui de 1136, consécutif au raid de Roger de Tosny sur Saint-Etienne-du-Vauvray.

Jacques Le Maho

Bibliographie

- Bibliographie : J. Le Maho, « Notes de castellologie Haut-Normande : châteaux à motte, enceintes et églises fortifiées (XIe-XIIe s.) », Autour du château médiéval, Société Historique et Archéologique de l’Orne, Mémoires et documents n° 1, 1998, p. 237-243.