Campanie

         

Aversa : Déambulatoire de la cathédrale

Dossier d'images disponibles prochainement ...La cathédrale d'Aversa présente une abside à déambulatoire et chapelles rayonnantes comme les cathédrales d’Acerenza et de Venosa, en Lucanie. Le déambulatoire est conçu pour accueillir les processions de foules de pèlerins dans des sanctuaires très fréquentés à cette époque. Il s'agit cependant d'une disposition inhabituelle dans les églises italiennes, introduite à l'époque normande. L’exemple d’Aversa, le mieux conservé, compte cinq travées en trapèze et deux rectangulaires, voûtées d'arêtes renforcées par des nervures plates. Les trois chapelles rayonnantes s’ouvrent en haut de la courbe de l'abside. Si la Normandie n'a pas conservé d'édifices à déambulatoires et chapelles rayonnantes, les traces archéologiques en subsistent, notamment dans le chevet de la cathédrale romane de Rouen (vers 1035), au Mont-Saint-Michel, à Jumièges et Fécamp. Aversa pourrait présenter une des premières transpositions de ce modèle qui peut s'inspirer de l'influence normande, mais aussi de sa large diffusion par l'ordre de Cluny.

Dans l'église largement remaniée au XVIIIème s., il ne subsiste du monument médiéval que le portail de façade, aujourd’hui déplacé; avec une inscription identifiant les commanditaires, Jordan et son père Richard Drengot, premiers seigneurs normands de la principauté d'Aversa (vers 1053-1078). C’est à l'initiative de Jordan (mort en 1090) que revient la phase la plus intéressante de l'histoire de l'édifice. Robert II lui succèdera dans cette entreprise entre 1127 et 1135.

Le décor sculpté du portail et des fenêtres de l'abside s'inspire de thèmes de l'Antiquité classique. A cette influence s'ajoute un style plus expressionniste caractéristique de la période normande, visible sur les consoles à bustes d’hommes de l’archivolte couronnant le portail des chanoines et sur des chapiteaux aux lions dans le déambulatoire. La célèbre plaque sculptée du portail de façade, déplacé dans le déambulatoire, a donné lieu à diverses interprétations : combat du héros nordique Siegfried contre le Dragon Fafner ? Thème plus chrétien de saint Georges terrassant le Démon ? La sculpture représente plus surement un cavalier, revêtu du costume guerrier des Normands du XIe s. affrontant un lion, figure fréquemment représentée dans le bestiaire médiévale d'Italie du Sud. On peut s'accorder à voir dans le traitement de ce thème une allégorie de la lutte du Bien et du Mal.


Bibliographie
- Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Mario D'Onofrio & Valentino Pace. - Campanie romane. - La-Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1981 (La Nuit des Temps, 56).
- Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.
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Jean-Jacques Bertaux. - La plaque du cavalier au lion de la cathédrale d'Aversa. - Annales de Normandie, 47, 1, mars 1997, p. 91-96.