Calabre

         

S. Demetrio Corone : Eglise Saint-Adrien

Dossier d'images disponibles prochainement ...La tradition associe l'église Sant'Adriano à S. Demetrio Corone à la figure de saint Nicolas de Rossano qui fonda au milieu du Xe s. un établissement monastique de rite basilien près d'un oratoire dédié à saint Adrien. L'ancien édifice, dont on suppose qu'il comportait une nef unique, fut restauré à cette occasion. Il n'en reste pas de traces dans l'église actuelle qui est datée de l'époque normande, entre 1088, date de la donation du monastère aux bénédictins de la Cava par le duc Roger Borsa, et 1106, date à laquelle le sanctuaire retrouve son autonomie.

L'église montre un plan à trois nefs, aux supports alternant colonnes ou piliers, arcs en plein cintre ou légèrement brisés. Le plan ne présente pas de transepts et se termine par une abside simple, révélée par les restaurations qui ont débarrassé l'église de son chevet du XIXe s., exception au modèle à trois absides commun à la tradition byzantine et cassinienne.

Dans le vaisseau central, deux chapiteaux antiques sont en remploi. L'un de style corinthien, l'autre orné de palmettes et de pommes de pin. Mais le reste du décor révèle d'autres influences : frise de petites arcatures qui court sous la corniche des bas-côtés; et est complété de pilastres plaqués en façades (lésènes ou "bandes lombardes") ; traces d'un décor de céramiques de style byzantin sur le mur nord, où les carreaux polychromes ont disparu des cavités laissées vides. On relève également des éléments de décor sculpté sur la façade et le portail nord, orné de motifs animaliers et anthropomorphes. Enfin, une cuve baptismale, également d'époque normande, présente une série de visages barbus en relief plat, où l'on a pu vouloir représenter des moines de la communauté italo-grecque.

Les fresques qui décorent l'intrados des arcs et les murs de la nef centrale appartiennent au cycle pictural byzantin le mieux représenté en Calabre, et couvraient autrefois également les murs des nefs latérales et de l'abside. Daté du XIIIè siècle, il montre de nombreux saints en pied, ainsi qu’une "Présentation de Marie au Temple", près du choeur. Le pavement polychrome est décoré de figures animales à l’intérieur de médaillons ou de cadres rectangulaires, parmi lesquelles le thème du serpent est plusieurs fois répété. Ces mosaïques de tradition gréco-byzantines participent au syncrétisme culturel caractéristique de la période normande, dans la mesure où elles sont signées en latin du nom d'un certain Barthélemy et rappellent celles du Mont-Cassin, réalisées elles aussi par des artistes byzantins.

 

Bibliographie
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Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Chiara Garzya Romano. - Calabre & Basilicate romans. - La-Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1988  (La Nuit des Temps, 70).
- Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.