Roccella : Eglise Sainte-Marie

Au cœur d’un complexe abbatial établi à l'écart des habitats, et déjà mentionnée en 1094 dans une donation du comte Roger, frère de Robert Guiscard, l'église Sainte-Marie della Rocella a sans doute été construite dans le deuxième quart du douzième siècle mais n’a jamais été terminée. Aujourd'hui à l'état de ruines, elle était conçue sur le plan d'une longue nef unique munie d’un transept saillant, et d'un sanctuaire surélevé au dessus de la crypte. L'extrémité orientale était composée d'un chœur profond prolongé par une abside et accoté de deux espaces ouverts sur des absidioles, formant le dispositif à trois chœurs inspiré de la seconde abbatiale de Cluny. La nef était couverte d'une charpente, le transept voûté d'arêtes, les chœurs en berceau plein cintre et les absides en cul-de-four, dans une composition de volumes également caractéristiques de cette période.

Les murs de briques et de pierre sont uniformément recouverts d'un parement de briques plates, ce qui semble indiquer une campagne de construction d'un seul tenant. Toutefois, le traitement de la maçonnerie de la nef, moins raffiné, et l’usage de pierre calcaire à la hauteur des fenêtres, sur les murs extérieurs sud et ouest, ont fait penser à un remaniement opéré pendant la construction de l’abbaye.

L'église ruinée ne montre plus qu'une partie des murs de la nef et de l'élévation du chevet. A l’extérieur, les cylindres des absides sont animés de grandes niches abritées par des arcs en double rouleau. Le même motif est répété en continu à la base des murs, avec d'étroites ouvertures apportant la lumière dans la crypte. On ignore si celle-ci s'étendait seulement sous le chœur ou sous l'ensemble du sanctuaire et du transept.

L'église peut être comparée à d'autres édifices marqués par l'influence normande en Calabre ou en Sicile. Le plan centré du sanctuaire se partage entre l'influence clunisienne et la tradition byzantine. Les niches qui ornent les hautes absides sont de style byzantin, de la fin de la dynastie des Comnène. Elle est bien caractéristique de la synthèse de ces influences à l'époque de Roger II (duc de 1105 à 1130, duc et roi de 1130 à 1154).

Centro Europeo di Studi Normanni. Ariano Irpino

 

Bibliographie
- Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.