Calabre

         

Bivongi : Eglise Saint-Jean
(S. Giovanni Vecchio)

Dossiers d'images disponible prochainement..L'église Saint-Jean fait partie d'un ensemble monastique de tradition byzantine (basilien) fondé entre Bivongi et Stilo au milieu du XIème (datation incertaine). L'église a été consacrée par le pape Callixte II en 1122 mais la chronologie des travaux pose des problèmes. Ils ne sont peut-être pas antérieurs à la première moitié du XIIe s. Ils marquent en tous cas nettement la confrontation du modèle des églises bénédictines clunisiennes, amené par les Normands, avec le modèle byzantin régional. Une nef sans bas-côtés, ouverte par un portail dans le mur sud, couverte en charpente apparente et éclairée par de petites fenêtres hautes en plein cintre, débouchait sur la croisée du transept et ses piliers à arcs en ogive. Les bras du transept, de plan carré et munis d'absides, et la travée plus large du chœur avec l'abside principale, composent un plan voisin des églises bénédictines occidentales.

La tradition orientale reste dans la coupole à tambour cylindrique portée sur la base carrée de la croisée du transept par l'intermédiaire d'un étage octogonal, selon une technique présente dans l'architecture islamique, notamment en Sicile. Les bras du transept et les absides sont par ailleurs décorés d'arcatures à hauts pilastres plaqués sur le modèle des bandes lombardes. Des arcatures entrecroisées d'influence islamisante décorent l'abside principale. Le goût byzantin pour le décor polychrome se retrouve dans le parement du transept et du chevet qui fait alterner savamment des lits de briques, de pierres de taille et de galets. La même composition de matériaux, moins ordonnée sur les murs de la nef, était peut-être recouverte d'un enduit. Des traces de fresques du XIIe s. de style byzantin complètent cette impression de synthèse des influences occidentales et orientale sous la domination normande.

L'église est ruinée mais conserve tout son intérêt comme témoignage de la diffusion du style "bénédictin-clunisien" dans un environnement byzantin. Le prototype formel de ce groupe architectural fut sans doute la basilique de Milet (Basilicate), consacrée en 1080 à Saint-Michel-Archange, sous l'égide de Robert Guiscard et Robert de Grandmesnil, abbé exilé de Saint-Evroult-en-Ouche, et inspirateur de la transmission du modèle clunisien.

 

Bibliographie
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Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Chiara Garzya Romano. - Calabre & Basilicate romans. - La-Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1988  (La Nuit des Temps, 70).
- Mario D'Onofrio & Valentino Pace. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.