Abruzzes

         

Capestrano : Eglise Saint-Pierre de l'Oratoire
(S. Pietro ad Oratorium)

L'église Saint-Pierre de l'Oratoire est l'abbatiale d'un monastère bénédictin dépendant de la prestigieuse abbaye S. Vincente al Volturno dont la chronique mentionne une fondation datée de l'époque de la domination lombarde, sous le roi Didier, au milieu du VIIIe s. La dédicace du portail fait mention d'une rénovation achevée en 1100, rappelant le rôle du roi lombard.

L'église se situe dans le groupe architectural bénédictin du Mont-Cassin tel qu'il a été diffusé dans les Abruzzes à l'époque normande par l'intermédiaire de l'église du S. Liberatore alla Maiella, à Serramonacesca. Elle présente trois nefs scandées par des piliers et trois absides alignées, sans transept, et, à la différence de son modèle, sans clocher. Dans la même parenté stylistique, un décor en frises de petites arcatures sur modillons et bandes lombardes, devait orner les absides. Il a en grande partie disparu et les vestiges en ont été déposés.

L'influence du modèle de Serramonacesca est confirmée directement dans le décor du portail de façade de type bénédictin (piédroits, linteau monolithe et arc de décharge) qui montre sur l'arc un motif de palmettes identiques à celui de S. Liberatore, même si, là encore à la différence du modèle, les bas-côtés ne s'ouvrent pas sur des portails identiques. La technique des sculpteurs, la taille d'épargne, qui consiste à dégager le relief en creusant la pierre autour du motif traité, est aussi celle de S. Liberatore. Elle est utilisée à Saint-Pierre-de-l'Oratoire dans le traitement du portail et des chapiteaux des piliers de la nef, à décor végétal habité de sujets zoomorphes.

L'église est construite en pierre de taille pour les parties basses de la façade, l'abside principale, les piliers et les arcs, et moellons grossiers sans revêtement, mêlés de blocs en remploi de monuments anciens, dans le reste de la maçonnerie.

Un décor peint a été apporté sur le tympan du portail - une représentation de saint Pierre, accompagnée sur le mur de façade de bas-reliefs représentant le roi David et saint Vincent -. Le cul-de-four de l’abside montre les traces d'une fresque de la première moitié du XIIè siècle, témoignage de l’un des plus anciens cycles picturaux de la région : elle représente un Christ en Majesté et les Vingt-Quatre Vieillards de l’Apocalypse.

 

Bibliographie
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Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
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Paolo Favole. - Abruzzes & Molise romans. - La Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1990, 308 p. (La Nuit des Temps ; 74).
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Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.