Notaresco : Eglise Saint-Clément de Vomano

Le monastère de Vomano est une abbaye fille de Saint-Clément de Casauria. On trouve donc logiquement mention dans le Chroncion Casauriense d'une église élevée par la mère de l'empereur carolingien, Louis II (825-875). L'abbatiale d'époque normande s'inscrit cependant dans une campagne de reconstruction qui prend pour modèle le style apporté dans les Abruzzes par les bénédictins du Mont-Cassin, vers 1080, à S. Liberatore alla Maiella à Serramonacesca.

L'église elle-même donne des indices de datation qui la situent entre 1108, inscription sur le portail d'une date proche du chantier de S. Liberatore, et 1148/1166, période d'activité de deux sculpteurs de l'école abruzzaine de Rosciolo qui signent le dais de l'autel (ciborium).

L'église est de plan basilical à trois nefs, sans transept saillant, et chevet à trois absides alignées. Elle est couverte en charpente apparente. Les supports sont des rangées de colonnes renforcées de piliers au milieu de la nef et à l'entrée du chœur. Ils sont en brique apparente, matériau dominant dans la construction qui utilise aussi des remplois de fragments de monuments antiques et de la pierre de taille, notamment en façade, où un portail central unique est le seul vestige des XIe-XIIe s. parmi des remaniements postérieurs. Son décor est de style classique. Les absides portent le traditionnel décor d'influence lombard, avec frise d'arcatures sur modillons et hauts pilastres plaqués (lésènes).

Les chapiteaux des colonnes portent un décor sculpté où les archéologues ont reconnu la main des auteurs du ciborium en stuc qui trône au-dessus de l'autel et des dix gradins du sanctuaire surélevé. Celui-ci porte un décor architectural à deux tambours octogonaux, aux côtés ornés de petites arcatures ajourées, et portés sur quatre colonnes par l'intermédiaire des arcs trilobés caractéristiques de l'école de Rosciolo. La signature identifie les sculpteurs Roger et Robert, mais n'est pas datée. C'est donc par comparaison stylistique que "Robert" est identifié à l'artiste présent avec Nicodème, sous les ordres du maître Nicolas, sur le chantier de S. Maria in Valle Porclaneta de Rosciolo, et que l'œuvre est datée du milieu du XIIe s. 

 

Bibliographie
- Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
- Paolo Favole. - Abruzzes & Molise romans. - La Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1990, 308 p. (La Nuit des Temps ; 74).
- Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.