Abruzzes

         

Moscufo : Eglise Sainte-Marie 
(S. Maria al Lago)
  

L’église abbatiale de S. Maria al Lago date du milieu du XIIème siècle et représente une des variantes locales de l’art lombard. Sa principale caractéristique est l'utilisation de la brique apparente dans la maçonnerie des murs et les piles rondes de la nef. La pierre de taille a été employée sur les murs de la nef principale, au dessus des colonnes portant des arcs plein cintre. Elle est aussi utilisée pour les encadrements des ouvertures, les arcs du sanctuaire, et les chapiteaux sculptés.

La fondation du monastère est datée de manière imprécise entre le VIIIème et le IXème siècle. L'ensemble est de plan basilical à trois nefs et six travées portées par des alignements de colonnes interrompus au milieu par deux piliers composites. L'église ne comporte pas de transept. Le chevet est composé de trois absides alignées avec une abside centrale très saillante.

Le décor sculpté est attribué à ce Nicodème qui signe et date la chaire de 1159. Il s'agit d'un élève de Nicolas, maître de l'école dite de "Rosciolo". Comme dans cette église en effet, la chaire est portée sur les colonnes par des arcs trilobés dont les écoinçons montrent un décor très fin de personnages habitant des entrelacs de feuillages, dans un style très voisin de l'enluminure. L'escalier de la chaire est aussi orné de panneaux à sujets bibliques et les symboles des Evangélistes traités en ronde-bosse portent deux lutrins. Les chapiteaux des colonnes de la nef, moins élaborés, sont cependant attribués au même atelier.

La façade en briques a conservé son portail du XIIème siècle, dont l'arc et les piédroits en pierre sculptée présentent des rinceaux de feuillages dessinant des médaillons qui abritent les motifs animaliers et végétaux d'un répertoire classique, ainsi que les symboles des Evangélistes et l'Agneau mystique, symbole du Christ, à la clé de l'arc.

Sur les absides, le traditionnel motif lombard de petites arcatures sur modillons a été traité en briques, avec de fines colonnes alternant avec les pilastres plaqués (lésènes). Le décor de la fenêtre de l'abside principale, en pierre de taille reproduit les motifs du portail. L'absidiole nord montre de curieuses sculptures assez rudimentaires, en relief plat, et disposées en parfaite symétrie : deux loups chassant des cerfs (?) sur les montants, et deux loups opposés, tête tournées vers le bas, sur l'arc.

 

Bibliographie
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Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
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Paolo Favole. - Abruzzes & Molise romans. - La Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1990, 308 p. (La Nuit des Temps ; 74).
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Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.