Abruzzes

Corfinio : Cathédrale Saint-Pélin et Saint-Alexandre à Valva

photo : Melo Minnella, PalermoLa tradition attribue l’origine du complexe cultuel à Cyprien, disciple de saint Pélin, qui, vers la moitié du IVè siècle, aurait construit un édifice sur la tombe du saint martyr. Une datation aussi ancienne est contestée, mais une église existe sur le site au Xe s. : elle est saccagée par les Sarrasins. La chronologie de sa reconstruction est en revanche bien documentée : elle commence entre 1075 et 1102 et se termine avant 1150.

L’ensemble comprend une basilique dédiée à saint Pélin et l’oratoire saint Alexandre. L'église est le fruit de remaniements ordonnés par Justin de Chieti pendant la première moitié du XIIIè siècle. On y reconnaît cependant des éléments d'une disposition du XIIe s., d'influence lombarde, avec un plan assez atypique dans les Abruzzes. L'église présente en effet les éléments classiques de la basilique à trois nefs scandé par des piliers, et un sanctuaire surélevé à transept non saillant, mais la disposition du chœur et des absides forme un plan trilobé : abside centrale ouverte dans l'axe de la nef, et absides latérales ouvertes sur les côtés du chœur. L'abside nord a disparu. L’abside centrale, achevée au XIIIè siècle, présente à l’extérieur une maçonnerie polygonale à onze facettes et son élévation compte quatre niveaux : sur une souche en pierre de taille, est disposée une série de petites colonnes encadrant des baies à ouverture unique et soutenant neuf panneaux sculptés en réserve de motifs végétaux et d’arabesques. Au troisième niveau, une arcature aveugle repose sur des colonnes dégagées de la paroi et portées par des consoles figurant des lions. Cette galerie est d'influence nettement septentrionale. Sous la toiture; au dernier niveau, court la frise de petites arcatures communes aux édifices influencés par le style lombard. On la retrouve, rythmée par de hauts pilastres plaqués (les lésènes, ou "bandes lombardes") sur tous les murs de l'église et ceux de l'oratoire Saint-Alexandre.

Un ambon datable de la décennie 1168-1178 s’adosse au cinquième pilier sud de la nef. Il semble être précédé directement ceux de Sainte-Marie à Bominaco et de Saint-Clément à Casauria : de forme carrée, il repose sur quatre colonnes et est décoré de motifs floraux sur les dalles du parapet.

Les rapports architecturaux entre l'église et l’oratoire Saint-Alexandre ne sont pas tout à fait éclaircis. Son plan est celui d'un sanctuaire à abside et quatre travées, disposées sur la largeur et voûtées d'arête. Il est ouvert par un côté sur le mur sud de la nef de l'église avec laquelle il forme un angle.

L'ensemble cathédral est une des plus importantes constructions influencées par l'architecture bénédictine à l'époque normande dans la région des Abruzzes. L'évêque Trasmondus, à l'origine de la reconstruction de la fin du XIe s. était à la même époque abbé de Saint-Clément de Casauria.

 

Bibliographie
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Emile Bertaux. - L'art dans l'Italie méridionale. - Paris : De Boccard ; Rome : Ecole Française de Rome, 1968, 3 vol.. (1ère éd. 1903).
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Paolo Favole. - Abruzzes & Molise romans. - La Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1990, 308 p. (La Nuit des Temps ; 74).
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Mario D'Onofrio. - Il panorama dell'architettura religiosa. - In "I Normanni, popola d'Europa 1030-1200", Roma : Marsilio, 1994, p. 199-209.
- Giovanni Coppola. - L'architecture religieuse normande en Italie méridionale. - In : "Trésors romans d'Italie du Sud et de Sicile", Caen : Musée de Normandie, Toulouse, Musée des Augustins. - Milan : E. Sellino, 1995, p. 75-96.